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Mort dans le Tyneside (Les énigmes d'Agnès Lockwood Livre 2)

Mort dans le Tyneside (Les énigmes d'Agnès Lockwood Livre 2)

Traduit par Hanène Gattoussi

Résumé du livre

Agnès Lockwood revient dans le Tyneside, espérant retrouver Alan Johnson, mais son retour est rapidement perturbé par un nouveau meurtre. Bien qu'elle veuille rester en dehors de l'affaire, son instinct de détective amateur la pousse à intervenir, ce qui met sa relation avec Alan à l'épreuve.

Extrait de Mort dans le Tyneside

Sous le choc, Agnès tremblait tout en fixant le cadavre sordide camouflé derrière un grand buisson. Le visage de l’homme, couvert de sang séché, avait été lacéré sans pitié. Un œil vitreux, toujours accroché à son orbite, pendait sur sa joue et semblait la regarder fixement. Les mains, ainsi que le visage, étaient aussi sévèrement tailladées. Elle voulait fuir cette scène macabre, mais ses jambes refusaient de bouger. Tout se bousculait dans sa tête. Qu’allait dire l’inspecteur Alan Johnson lorsqu’il découvrirait qu’elle était accidentellement impliquée dans un autre meurtre ?

Il était environ dix heures, par une matinée fraîche du mois de mars, quand Agnès Lockwood descendit du taxi. Elle contempla au-delà de la route le fleuve Tyne. De l’autre côté de la rive se trouvaient le Sage Gateshead et la Baltic Art Gallery. Son regard dériva un peu plus en amont, vers le Tyne Bridge qui les surplombait tous. Elle avait été impatiente de revenir dans le Tyneside et elle n’était certainement pas déçue.

Un mouvement à proximité attira son attention. Le Millennium Bridge avait entrepris de se lever pour permettre à un bateau de poursuivre sa navigation sous la structure massive. Les touristes attendaient des heures pour voir ce spectacle alors qu’il se déroulait sous ses yeux en ce moment même. C’était presque comme si le pont saluait son retour.

Agnès sourit pour elle-même en admirant la scène. Comme il était bon d’être de retour.

Ses pensées furent interrompues au moment où le chauffeur de taxi lui demanda si elle voulait qu’il portât ses valises jusqu’à l’hôtel.

— Vous avez apporté beaucoup de bagages, ajouta-t-il en regardant les trois grandes valises. Vous envisagez manifestement de séjourner longtemps dans le Tyneside.

— Merci, Ben. C’est très gentil, dit-elle en adressant un sourire au chauffeur. Je ne sais pas combien de temps je resterai ici, alors je me suis préparée à toutes les éventualités.

Puis, elle posa son regard sur les valises.

— Bien que je pense que j’ai un peu exagéré, ajouta-t-elle, avant de marquer une pause. Pouvez-vous les laisser à la réception et dire au personnel que je serai là dans quelques minutes ?

Agnès avait rencontré Ben, un jeune homme asiatique, lors de sa dernière visite dans le Tyneside. Un jour, elle avait hélé un taxi et lui avait demandé de lui faire visiter la ville. Depuis, chaque fois qu’elle avait besoin d’un taxi, elle l’appelait.

En jetant un coup d’œil en direction du fleuve, elle repensa à toutes ces années. Elle se souvenait que sa mère parlait avec tendresse de ses racines dans le Tyneside. Pourtant, à sa connaissance, sa mère n’y était jamais retournée. Pas même pour une courte visite.

Toutefois, depuis qu’elle avait visité la région il y a quelques mois, Agnès comprenait maintenant le dilemme de sa mère. Peut-être pensait-elle que son arrivée dans la région l’aurait dissuadée de la quitter.

Agnès avait éprouvé de la peine à faire ses valises et à retourner dans l’Essex lors de sa dernière visite, même en sachant qu’elle pourrait revenir quelques mois plus tard et rester aussi longtemps qu’elle le souhaiterait. L’idée était bonne : visiter la région, avant de rentrer chez elle pour préparer son vol vers l’Australie où elle devait retrouver ses fils. Mais ce ne fut pas aussi simple. Une fois ici, elle n’avait plus eu envie de partir. Même lorsqu’elle était à l’autre bout du monde, ses pensées revenaient sans cesse vers le Tyneside… et vers Alan.

Alan était un vieil ami d’école, maintenant inspecteur en chef de la police de Newcastle. Ils s’étaient rencontrés par hasard lors de sa dernière visite et leurs retrouvailles après toutes ces années avaient été très agréables. Ils appréciaient leur complicité et ils avaient dîné ensemble plusieurs fois. Elle l’avait même aidé dans une enquête sur un meurtre. Même si elle savait qu’il ne voulait pas réellement la mêler à cette affaire. Il lui avait manqué pendant son absence et elle avait souvent pensé à lui.

— La réceptionniste fait monter vos bagages dans votre chambre. Vous n’êtes donc pas obligée de rentrer dans l’hôtel tout de suite.

La voix de Ben avait encore une fois interrompu ses pensées.

— Merci, Ben, le remercia Agnès, puis elle fouilla dans son sac à main et en sortit son portefeuille. Bon, combien je te dois ?

— C’est offert par la maison, répondit-il en souriant, avant de faire un geste vers le taxi. Je n’ai pas mis le compteur en marche.

— Ben, vous ne pouvez pas donner gratuitement…

Mais elle ne put poursuivre, car Ben avait levé les mains.

— J’insiste. De toute façon, comme le compteur était éteint, je n’ai aucune idée de ce qu’il faut facturer. C’est juste bon de vous revoir dans le Tyneside… et avant de dire un mot de plus, vous vous souviendrez que lors de votre dernière visite, vous avez insisté pour me payer une course, qui en fait ne s’est jamais effectuée.

Néanmoins, Agnès ouvrit son portefeuille et poussa un billet de vingt livres dans sa main.

— Ok, c’est d’accord. La promenade était gratuite aujourd’hui. Ça, ajouta-t-elle en montrant le billet, c’est simplement un pourboire.

Ben sourit et secoua la tête en montant dans son taxi.

— Je devrais le savoir maintenant. Je ne peux pas gagner avec vous. Mais, ajouta-t-il en agitant l’argent en l’air, merci beaucoup.

Agnès regarda le taxi s’éloigner. Ben était un homme bon et elle savait que l’argent serait utilisé à bon escient. Lors de sa dernière visite, elle avait appris que Ben et sa femme avaient un fils souffrant de problèmes de santé et que la majorité de leur argent servait à rendre sa vie plus confortable. Mais c’étaient des gens fiers qui n’acceptaient pas la charité. Un gros pourboire de temps en temps était le moins qu’elle puisse faire.

Une fois le taxi au coin de la rue, Agnès décida de passer quelques minutes de plus à l’extérieur avant de s’inscrire à l’accueil de l’hôtel. Elle traversa la route et se tint près du fleuve, comme elle l’avait fait le premier jour de sa dernière visite.

Alors qu’elle contemplait l’eau, elle constata qu’elle était plus propre que dans son souvenir. L’industrie lourde avait gouverné le quai ces dernières années, rendant l’eau du fleuve trouble. Elle s’était même demandé combien de personnes avaient pu mourir en tombant simplement dans le fleuve ces années-là. Ou si des meurtriers y avaient jeté des corps, dans l’espoir qu’on ne les revît jamais.

Elle ferma les yeux et poussa un soupir. Ce jour-là, alors que toutes ces pensées lui trottaient dans la tête, il ne lui était jamais venu à l’esprit que de telles choses pouvaient encore se produire. Pourtant, peu de temps après, elle avait découvert le corps d’un homme flottant autour du pont tournant, à quelques pas de l’endroit où elle se trouvait.

Chassant cette pensée de son esprit, elle se retourna pour faire face au grand et gracieux bâtiment en face d’elle. Il était temps de s’inscrire à l’hôtel Millennium.

Au quartier général de la police de Newcastle, l’inspecteur en chef Alan Johnson raccrocha le téléphone.

— C’était l’inspecteur en chef Aldridge à Gateshead. Il pense qu’ils ont trouvé leur meurtrier.

Le sergent Andrews leva le nez de ses papiers.

— Le tueur des corps retrouvés récemment par des promeneurs de chiens ?

— Oui. Tu te souviens que l’un a été découvert sur un espace non aménagé près du terrain de golf de Wrekenton, tandis que l’autre a été retrouvé dans le parc de Saltwell.

— Eh bien, tant mieux pour eux, s’exclama Andrews en tapant sur le bureau. C’est bien d’avoir des résultats aussi rapidement.

Cependant, il ne put s’empêcher de remarquer que son patron n’avait pas l’air aussi enthousiaste.

— C’est bien, non ?

— Oui, répondit Alan, pensif.

— Mais ? demanda son sergent. J’ai l’impression qu’il y a un « mais » là-dedans, qui ne demande qu’à sortir.

— Oh, ce n’est rien, dit Alan en haussant les épaules.

— Rien ? répéta Andrews, en inclina la tête sur le côté. Je sens qu’il y a quelque chose qui te met mal à l’aise.

Alan claqua ses mains sur l’accoudoir de sa chaise.

— D’après ce que nous savons, ils ont conclu cette affaire un peu trop rapidement, je le crains.

Se rasseyant sur sa chaise, Alan souleva ses pensées, en les comptant sur ses doigts.

— Un, les deux corps ont été trouvés il y a peu de temps. Deux, il n’y avait aucun indice laissé sur les lieux – le tueur n’avait rien laissé tomber qui aurait pu mener la police à lui. Trois, il n’y avait pas d’empreintes digitales et quatre, pas d’ADN. Ils n’avaient donc absolument rien sur quoi s’appuyer – nulle part où commencer une enquête.

Il réfléchit.

— Pourtant, l’inspecteur en chef Aldridge est convaincu d’avoir attrapé l’homme qui a commis les crimes.

— L’inspecteur a-t-il dit pourquoi il avait des raisons de croire qu’ils détenaient le véritable coupable en garde à vue ?

— Non ! s’exclama Alan, les yeux fixés sur le téléphone. Je pense juste qu’ils voulaient se vanter d’avoir attrapé leur homme aussi vite.

— Bon, on ne rien y faire, constata le sergent Andrews, en replongeant dans sa paperasse. Il y a tout de même un avantage, ajouta-t-il en se retournant aussitôt vers l’inspecteur en chef. Au moins, cette affaire a été résolue avant que Mme Lockwood ne revienne dans le Tyneside. Autrement, je pense qu’elle serait allée à Gateshead pour apporter son aide à l’enquête.

Il fit une pause.

— Quand doit-elle rentrer d’Australie ? reprit-il.

— Pas avant trois semaines et deux jours, répondit Alan en regardant son calendrier.

Depuis qu’Agnès avait quitté le Tyneside, il n’avait cessé de compter les jours.

— Et encore, je ne sais pas si elle reviendra directement ici. Elle a peut-être besoin d’un peu de temps pour se reposer après le vol, expliqua-t-il dans un soupir. Tu vois ce que je veux dire. Déballer ses affaires et faire le tri avant de décider de la suite.

Il se tut. Le fait de revoir ses fils après une si longue absence pourrait lui donner envie de déménager là-bas.

— Bref, ajouta-t-il, avec un sourire forcé. Tu as raison sur le fait qu’elle aurait voulu aider l’inspecteur Aldridge sur cette affaire. Il n’aurait pas cru ce qui l’attendait.

Tous les deux rirent.

À ce moment-là, le téléphone portable d’Alan sonna. En le sortant de sa poche, il fut surpris de voir que l’appel provenait d’Agnès.

— Tu n’arrives pas à dormir ? lui dit-il en riant dans le téléphone. C’est probablement le milieu de la nuit là-bas.

C’est Mme Lockwood, dit-il sans un son à son sergent.

— Oui, je suppose que c’est le cas, mais je ne suis pas là-bas.

— Alors, où es-tu ?

— Je suis ici.

— Tu veux dire que t’es de retour en Angleterre ? s’étonna Alan.

— Je veux dire que je suis ici, dans le Tyneside.

— Je n’en crois pas mes oreilles ! Je pensais que…, commença Alan, puis il regarda son sergent. Agnès est ici, dans le Tyneside.

— Pourquoi ne pas prendre un déjeuner matinal et aller la retrouver ? suggéra Andrews. Je peux finaliser cette paperasse. On n’a pas besoin d’être deux.

Alan fit un signe de tête à Andrews. L’idée lui avait déjà traversé l’esprit.

— Où es-tu exactement ? Je passerai te voir.

Femmes d'Écosse

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